Hausse des matériaux : les effets néfastes sur l’immobilier

Conséquence directe de la crise du Covid, les prix des matériaux de construction ont sensiblement flambé au niveau mondial. Ainsi, le bois, l’acier, le PVC, des produits dérivés de ces matières premières ou encore des produits de peinture ont été confrontés à une forte pression sur les marchés mondiaux. Mais, la crise sanitaire n’a fait qu’envenimer une situation déjà complexe, en raison des luttes géopolitiques entre les Etat-Unis et la Chine. Les décisions approximatives de l’ère Trump ont également contribué à l’aggravation de la donne. Ce phénomène qui a impacté le secteur du bâtiment dans de nombreux pays de la planète n’a pas épargné le Luxembourg. Depuis déjà quelques mois, les matériaux de construction connaissent des pénuries et des hausses de prix sur le marché. Une situation qui met à mal bon nombre d’entreprises et d’entrepreneurs activant dans le domaine.

Quel est l’impact de cette situation sur l’immobilier ?

Quel est l’impact sur les entreprises et quelles sont les conséquences pour les futurs propriétaires ?

Une crise planétaire, suivie d’une reprise

Mais, avant d’évoquer le cas du marché luxembourgeois, il convient de relever la complexité de cette crise qui a touché les principales matières premières du bâtiment. Outre l’acier et le PVC, c’est aussi l’aluminium, la ferraille, le bois, le cuivre, le polystyrène et le zinc qui en pâtissent. Des matières essentielles dans tout projet de construction. Pour les observateurs, certaines matières de construction ont vu leur prix augmenter de plus de 50%. Un impact qui devrait être amorti par des entreprises déjà affaiblies par la crise sanitaire. En plus de la hausse des prix, il convient de rappeler le phénomène des pénuries qui a touché certains matériaux à l’image de l’acier et du bois.

Acier, la Chine est passée par là

Ainsi, en raison de l’arrêt des usines de production en Europe et la consommation effrénée de la Chine notamment pour l’acier, l’offre s’est rétrécie considérablement pour les entreprises de bâtiment en Europe. Pour le cas de l’acier, il y a lieu de souligner que la hausse des prix est provoquée indirectement par la Chine. L’Empire du Milieu connaît depuis la fin de la crise du Covid sur son sol une croissance économique considérable. Celle-ci touche notamment le secteur du bâtiment. De facto, la demande sur l’acier a augmenté dans le pays sans qu’il ait le même niveau de production. Ce qui donne pour résultat une pression sur ce produit et des prix en hausse mondialement.

Le bois, victime d’une politique protectionniste

Pour le cas du bois, les choses se présentent différemment, puisque l’origine de la crise se trouve aux Etat-Unis. Les entreprises américaines se sont mises à s’approvisionner à partir de l’Europe afin de contourner la taxe instaurée par Trump sur le bois canadien. Rappelons que l’ancien président américain avait imposé une taxe de 20% sur le bois canadien avant de revoir sa décision et de l’abaisser à 9%.

Quid du marché au Luxembourg ?

Les professionnels du bâtiment n’ont fait que relever ces hausses qui sont venues compliquer davantage la crise dans laquelle ils baignent depuis le début de la crise sanitaire. Pour la Chambre des métiers, cette vague de hausse des prix des matériaux a commencé vers la fin de l’année dernière. La rupture de stock de plusieurs matériaux a commencé, alors, à peser le marché mettant à mal nombre d’entités activant dans le bâtiment. Les entreprises ne savent pas, néanmoins, quelle est l’ampleur de la crise ni sa durée.

Henri Kox, ministre du Logement le confirmait d’ailleurs en expliquant que cette hausse pourrait être de courte ou de longue durée.

L’on explique dans le même sillage qu’en plus de la forte consommation des Etats-Unis et de la Chine, d’autres facteurs sont venus en rajouter une couche. Il s’agit, entre autres, du blocage du canal de Suez par l’imposant porte-conteneurs Ever Given. Cet épisode n’a fait que retarder davantage les livraisons et par ricochet provoquer un emballement des prix. Les prix du transport maritime n’ont pas été épargnés par les hausses. Le président du groupement des entrepreneurs affirme à ce titre que les prix ont été multipliés par dix en raison de l’explosion de la demande. Mais, ce qui est certain c’est que les conséquences sont déjà là et se font sentir dans le secteur. De nombreux entrepreneurs pensent déjà au chômage partiel voire au report de certains chantiers en attendant de jours meilleurs.

La crise v-t-elle perdurer ?

Faute d’un approvisionnement régulier en bois et en acier, les professionnels du bâtiment vont se retrouver dans des conditions difficiles. La situation risque en outre de perdurer. Des responsables de la Chambre des métiers affirment, en fait, que ces pénuries et ruptures de stock des matériaux vont durer à la fin de l’année en cours. Cela ne rassure pas les particuliers ayant des chantiers en cours de réalisation. L’Etat ne peut pas intervenir dans le cas de contrat passé entre les entrepreneurs et des particuliers. Ainsi, les particuliers ayant des retards ou un abandon de chantiers vont prendre leur mal en patience.

Quelles conséquences sur le marché de l’immobilier ?

Il faut dire que les entreprises ne sont pas les seules à subir de plein fouet le choc des prix et des pénuries. Le secteur de l’immobilier reste la deuxième victime, si ce n’est pas la principale. Les conséquences devraient concerner déjà les plannings et les délais de livraison des chantiers.

Des retards dans les livraisons et les plannings

Ainsi, il faut dire que les entreprises réfléchissent à présent sur les solutions à mettre en œuvre pour satisfaire leurs clients. Les entrepreneurs sont appelés dans ce registre à trouver des terrains d’entente avec les particuliers afin de pouvoir revoir leurs plannings et éventuellement les prix pratiqués. Certains professionnels proposent déjà de pratiquer des prix du jour afin d’éviter de tomber dans le piège des fluctuations des prix des matériaux. Ils affirment même que des fournisseurs évitent de prendre de commandes du fait de la hausse quasi-quotidienne des prix de certaines matières premières.

Pour les grands projets et les marchés publics, il faut dire que le risque principal est lié aux délais de livraison qui seraient largement dépassés.

Du côté du Fonds du logement, c’est le même topo. Ce dernier entend s’adapter à la situation en augmentant les prix de vente. Ce qui est logique. Ce promoteur public ne restera pas les bras croisés face à la situation. Les devis seront certainement plus élevés et les délais rallongés. La SNHBM, l’autre promoteur public, entend, lui aussi, s’adapter et mettre à niveau ses prix. Une augmentation qui ne concernerait que les futurs propriétaires. En d’autres termes, les contrats déjà signés ne seront pas révisés. Mais, il convient de souligner que des retards sont à prévoir. Du côté du Fonds du logement, l’on estime, en fait, qu’il est difficile de se prononcer sur le retard potentiel. Les délais sont passés ainsi d’une quinzaine de mois à plus de 22 mois voire plus.

Hausse des prix de l’immobilier, l’autre impact

L’augmentation des prix des matériaux a eu également pour résultat une hausse sensible des prix de l’immobilier. Ainsi, en plus des avantages qu’offre le Luxembourg pour les futurs acquéreurs, provoquant un emballement des prix, les prix des matériaux ont quelque peu poussé le niveau des prix plus haut. En 2020, les prix ont augmenté de près de 15% ce qui est déjà énorme.

Une hausse de 200 euros ?

Pour la situation actuelle, du côté de la SNHBM on évalue la hausse actuellement à près de 200 euros le mètre carré. Une hausse appelée à persister en cas du maintien des données actuelles. Mais, les professionnels ne relient pas la hausse directement aux prix des matières premières. D’autres facteurs peuvent contribuer à cette hausse. C’est d’ailleurs le regard que porte la Chambre des métiers sur la situation.

Le covid aggrave la situation

Ceci dit, la hausse des prix de l’immobilier n’a pas connu de répit depuis le début de la crise sanitaire. La valeur des biens immobiliers a connu selon Eurostat, une hausse sensible en 2020. Elle est estimée à près de 14% sur une année, loin de la moyenne européenne ( 5,2 %) durant la même période. Par conséquent, il faudrait souligner que l’immobilier qui connaît déjà des hausses régulières depuis plusieurs années en raison de la flambée des prix du foncier, de la forte demande qui dépasse l’offre ainsi que la superficie limitée du pays risque de connaître un autre épisode fâcheux pour les futurs propriétaires. Ces derniers seraient contraints de s’acquitter d’une facture salée pour des raisons qui leur sont étrangères. Il s’agit notamment de la crise sanitaire, des luttes géopolitiques et des effets d’une économie mondialisée.